Carisa Mitchell
False Friends
10.2—23.3.2023
FR
La réflexion de la lumière sur les eaux sombres, un sentiment d’éloignement qui complique une conscience de soi.
L’histoire commence en 1815 avec l’éruption du mont Tambora qui entraîne une « année sans été ». Des temps sombres qui mènent à un concours d’écriture d’où émerge Frankenstein. À bien des égards, Genève pose la question de ses limites : hors du monde pour ses qualités fiscales, elle est aussi entourée de montagnes et d’un lac. De la même manière, si l’artiste est toujours déplacé, où appartient l’art ?
La photographie montre le bord du lac de la ville au crépuscule, un autre entre-deux si l’on reprend l’expression française entre chien et loup. Se décentrer, s’effacer aux limites de la production. Peut-être à ces lieux interstitiels dont tout le monde parle aujourd’hui. Ou est-ce seulement cette idée d’un extérieur constant qui alimente le vacarme de la Genève internationale ? Coincée entre le ciel et l’eau, comme dans le doublement du néon indiquant le mot « Gift ». À lire en anglais et en allemand pour saisir l’idée du pharmakon, en répétant le jeu du Dehors/Dedans, Suisse/Europe, Travail/Plaisir, Tax Free/TVA, Finance internationale/Obéir à des règles. Debout, devant le lac à la lumière tamisée, est-ce un romantisme de soi ou de l’autocritique ?
Paolo Baggi
Carisa Mitchell (née en 1986, Etats-Unis) est une artiste basée à Chicago. Elle a une pratique artistique interdisciplinaire qu'elle développe entre le langage et l’image, pour observer la subjectivité du soi et de l’autre. Mitchell souhaite ainsi interroger la manière dont nous fonctionnons dans des espaces partagés qui ressemblent à nos apports culturels ; sujet qu’elle aborde en utilisant la sérigraphie, les bannières, les néons, la photographie, la vidéo, la voix et la performance.
EN
Reflection of light through dark waters, a feeling of estrangement that complicates a sense of self.
The story starts in 1815 with the eruption of Mount Tambora, leading to the “year without summer”. Sombre times leading to a writing contest from which Frankenstein emerges. In many ways Geneva begs the question of its limits: otherworldly for some fiscal qualities, it is also engirdled by mountains and a lake. Similarly, if the artist is always displaced, where does art belong?
The photograph shows the city’s lakeside taken at dusk, another in-between if we take the french saying entre chien et loup. Decentering oneself, receding at the edges of production. Maybe at those interstitial sites everyone is talking about now. Or is it only this idea of a constant outside that feeds the racket of the Genève internationale? Squeezed between sky and water, as is the doubling of the neon indicating the word “Gift”. Read it both in English and German to get the pharmakon idea, repeating the play on Inside/Outside, Switzerland/Europe, Work/Leisure, Tax Free/VAT, International finance/Rules to abide by. Standing in front of the lake at dimming light, is it self-romanticizing or self-critique?
Paolo Baggi
Carisa Mitchell (b. 1986, USA) is a Chicago-based artist. She has an interdisciplinary art practice that uses language and image to look at our subjective inside the binary of self and other. Mitchell is interested in questioning how we function in shared spaces that resemble our cultural inputs, which she approaches the subject by using screen-prints, banners, neon, photography, video, voice and performance.